Témoignage
Pour des raisons d’anonymat, je vais utiliser un nom de substitution pour raconter l’histoire de cette femme, Anna.

Enfance
Pendant son enfance, Anna vit à Badakhchan. Une province qui relie le Tadjikistan et l’Afghanistan avec ses parents et ses frères et sœurs. Son père est gérant d’un magasin et sa mère enseignante à l’école élémentaire. Elle étudie dans une école public comme la plupart des filles de son village. Durant cette période, le pays est relativement en paix. Les filles ont toujours accès à l’école et la violence n’est présente que dans certains quartiers malfamés. Quand les Talibans sont montés au pouvoir pour la première fois, Anna et sa famille n’ont pas été impacté par leur présence . Selon elle, leurs idées et leur violence n’étaient pas arrivé jusqu’à sa province.
Fin du rêve…
Malheureusement, c’est en 2015 que son quotidien et celui de sa famille bascule complètement. Les Talibans atteignent sa province de Badakhchan. Comme partout en Afghanistan, les femmes ne peuvent plus travailler ni même aller à l’école. Le père d’Anna convainc donc sa fille de partir avec ses frères et soeurs au Tadjikistan pour passer des examens d’entrées et intégrer la American University of Central Asia. Les examens sont très durs car elle ne parle pas du tout anglais. Mais son père la soutient et l’accompagne à chacun des examens. Par chance, elle réussi les examens d’entrées et part au Tadjikistan avec ses frères et soeurs. Laissant sa mère et son père à Badakhchan. Anna travaille dur, elle obtient son master puis décide de partir avec son grand frère pour les États-Unis.
Échappatoire…
En 2021, pendant ses études à la American University of Central Asia, Anna entame les démarches pour obtenir le statut de réfugiée aux États-Unis. Ce n’est cependant qu’en 2023 qu’elle obtient son visa et décide de partir. Elle souhaite revoir ses parents pour leur dire au revoir, mais la situation ne s’est pas assez améliorée et ses parents refusent qu’elle prenne le risque de ne plus jamais pouvoir partir. Ils la forcent donc à partir du Tadjikistan, pour rejoindre son grand frère à l’aéroport de Kaboul sans plus attendre.


Fuir ou mourir…
Anna part donc en car du Tadjikistan pour un long voyage jusqu’à Kabul. Anna voyage seule, ce qui est désormais interdit pour toutes les femmes vivant dans le pays. À chaque village, des contrôles sont effectués par des Talibans, plus ou moins extrêmes. Ils fouillent les bagages, interrogent les voyageurs. Certains d’entre eux ne survivront pas au voyage. Anna passe de justesse entre les mailles du filet, malgré une frayeur à quelques kilomètre à peine de Kaboul (pour des raisons de respect de sa vie privé je ne dévoilerais pas les détails). Arrivée à l’aéroport, elle retrouve son frère et son oncle, mais tout n’est pas encore gagné pour Anna.

Des centaines de personnes se pressent pour embarquer dans les derniers avions autorisés à décoller. Il faut donc jouer des coudes et surtout éviter de trébucher pour ne pas se faire piétiner à mort par la foule, comme un enfant qu’elle aperçoit au loin. Anna s’accroche à son frère et après une lutte acharnée de plusieurs heures, ils réussissent à embarquer dans l’avion et s’envolent enfin pour les États-Unis.
Un refuge bien mérité
Avec son statut de réfugié, Anna obtient de l’aide pour trouver une famille d’accueil et commencer sa nouvelle vie. Malgré son Master et son bon niveaux d’anglais, il lui faudra beaucoup de temps pour trouver un emploi. C’est alors qu’elle entend parler de l’association KindWorks, une association dédiée à l’aide apportée aux réfugiés afghans aux États-Unis. Anna devient donc un atout majeur pour cette association. Elle met en place des cours d’anglais qu’elle donne gratuitement aux femmes afghanes qui le souhaitent, organise des collectes d’affaires auprès des personnes volontaires pour ensuite les redistribuer aux familles dans le besoin qu’elle prend bien soin de sélectionner. Grâce à son ouverture d’esprit, des dizaines de réfugiées afghanes bénéficient à présent de cours d’anglais réguliers et parviennent à s’intégrer dans la société américaine pour commencer une nouvelle vie.

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