Choc des cultures
Quand l’Europe rencontre l’Afghanistan
La rencontre
La première fois que je suis arrivée au cours d’anglais, j’étais très intimidée par toutes ses femmes habillées des pieds à la tête malgré la chaleur insoutenable. Certaines d’entre elles n’avaient que leurs yeux visibles. Je me rappelle que je portais un short et un crop top qui laissait entrevoir tous mes tatouages. Donc, au moment où je suis entrée dans la classe, plus personne ne parlait à cause du choc culturel.
Heureusement ma collègue et amie Anna a rapidement rebondit. Elle m’a présentée aux femmes en arabe. Une à une elles se sont présentées à moi en anglais ce qui allégea quelque peu l’atmosphère. Quand le cours à commencer, elles se sont concentrées sur cela. Sans pour autant cesser de me dévisager. C’est à partir de la fois où j’ai donné moi-même le cours que l’abcès s’est rompu.


Je leur ai laissé tout le loisir, durant ce cours, de me poser des questions, de me raconter leurs histoires. Et surtout de me donner leur avis sur mon apparence et sur ce qui pouvait les surprendre. C’est lors de cet exercice que j’ai vraiment pris conscience du choc culturel auquel j’avais à faire.

Mariée à 20 ans?
La première question qu’elles m’ont posé concernait mon âge. Suite à ma réponse elles voulaient absolument savoir si oui ou non j’avais un mari. Cette question m’a beaucoup surprise puisqu’en Europe il n’est que très peu courant d’être marié à seulement vingt ans. Quand j’ai répondu « non » l’une d’elle a pris la parole, m’expliquant qu’elle était promise à un homme depuis ses trois ans, qu’elle l’avait épousé à sa majorité (sous-entendu après les premières règles). Elle avait donc enfanté pour la première fois à quatorze ans et avait maintenant vingt enfants. J’avoue ne pas avoir pu cacher ma surprise. La plupart des femmes présentes ont ensuite confirmé que c’était la normalité pour elles de se marier jeune et de commencer à avoir des enfants le plus tôt possible. Cette histoire de mariage presque forcé était sans doute le plus gros choc culturel auquel j’ai eu à faire.
Vêtements et indépendance
Par la suite, elles étaient très intriguées par mes vêtements et mes tatouages. Elles se demandaient si mon père autorisait et appréciait cela. Je leur ai donc expliquer qu’en Europe c’était plutôt commun de porter de tels habits, surtout en été et que de plus en plus de personnes étaient tatouées. Sans parler du fait que les parents n’avaient pas vraiment le loisir de donner leur avis. Elles m’ont donc expliqué qu’en Afghanistan une femme dépend toujours d’un homme. Avant le mariage, elle dépend de son père ou des ses frères même s’ils sont plus jeunes. Il leur est interdit de sortir sans un homme de la famille, ni de voyager seule. Elle ne peut pas porter les habits qu’elle veut car le corps d’une femme est la propriété de son mari donc seul lui doit avoir le droit de le voir.
C’est ce qui m’a le plus surprise je pense. Jamais cela ne me serait venu à l’esprit de demander la permission à mon père pour porter tel ou tel vêtements. J’ai donc demandé à une femme dont je voyais les tatouages sur le visage s’ils avaient une signification particulière. Elle m’a expliqué que c’était un symbole de respect pour une femme mûre. Elle m’a retourné ma question et ma réponse l’a bien évidemment surprise puisque certes, mes tatouages ont une signification mais ce ne sont pas des tatouages mérités avec l’âge et la sagesse, j’ai juste payé pour les avoir ce qui les a bien fait rire.

Choix de carrière, une opportunité culturelle
La dernière chose qui les intriguait était de savoir ce que je faisais de ma vie. Quand je leur ai dit que je comptais faire des hautes études, toute la salle est devenue silencieuse.

Dans leurs pays, les femmes avaient de moins en moins accès aux écoles notamment à cause des nombreux changements politique. Mais aussi car là-bas, la femme n’était pas l’égal de l’homme sur tous les niveaux.

Je leur ai donc demandé ce qu’elles souhaiteraient faire si elles avaient le choix. Les plus âgées d’entre elles n’avaient pas de réponse à me donner alors que les plus jeunes s’autorisaient à rêver, maintenant qu’elles vivaient dans un pays un peu plus égalitaire.
Diminution du choc culturel
Après ce cours, le fossé culturel entre elles et moi diminuait. Toutes les semaines elles me préparaient des snacks typiques de chez elle pour me faire goûter à leur culture et je leur parlais de ma vie en Europe, de mes projets de vie, de mes rêves. Elles m’ont fais découvrir l’henné, qui es très prisé chez elle comme accessoire de beauté. J’ai aussi eu l’occasion de porter un voile. Quand je suis partie pour de bon, c’était avec un pincement au cœur et l’envie de partager cette belle expérience pour montrer qu’il y a encore des choses à accomplir pour les femmes du monde entier.



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